La photo avancée de gouttes d'eau
Maintenant que vous avez pris le virus de la goutte d'eau avec l'article ici, vous avez pu constater la difficulté de capturer les gouttes au bon moment. Les résultats sans aide supplémentaire restent extrêmement aléatoires et peu réguliers. L’idée est donc d’augmenter d’une manière significative nos chances de réussite par l’ajout de moyens permettant de contrôler les évènements.
L'ajout d'un contrôleur électronique, d’une électrovalve et d'une barrière infra-rouge permettra donc d'augmenter sérieusement nos chances de réussite. Attention néanmoins, n'espérez pas 100% de réussite. Le contrôleur ajoutera un moyen précis de déclencher les gouttes, le flash et l'appareil photo, mais ne garantira pas une réussite à 100%. Beaucoup de tâtonnements seront nécessaires avant de trouver les réglages qui permettront un bon résultat comme la photo ci-contre. Chaque photo sera quoiqu'il en soit très différente, l'art de la goutte d'eau reste un exercice très aléatoire...
Le contrôleur électronique
L’idée avec le contrôleur électronique sera donc de piloter très précisément les évènements pour arriver à saisir la photo au bon moment. Le contrôleur pilotera: Le déclenchement de l’appareil, la taille des gouttes, le temps entre deux gouttes et enfin le délai de déclenchement des Flashs. Il existe plusieurs contrôleurs électroniques sur le marché, en voici quelques-un.
- Le dropController
- Le MIOPS SPLASH WATERDROP KIT:
- Le StopShot (photo ci-contre)
- Le StopShot Studio, plus évolué (mon prochain contrôleur)
- Pluto Water trigger:
- SplashArt Water Drop Kit
Cette liste n’est bien évidement pas exhaustive et je n’ai pas la prétention de tout lister.
Pour mon premier achat de matériel de contrôle, j'ai acheté le contrôleur StopShot de Cognisys car c'est celui qui à l'époque était le plus avancé techniquement parlant. Le kit acheté fut celui-ci (Photo ci-dessus). Dans cet article je vais donc me concentrer sur les réglages de la séquence de déclenchement pour prendre la photo de goutte, et ma mise en place avec le Cognisys StopShot. Un article futur touchera à la mise en place avec deux électrovalves.
Dans ce kit, les éléments qui se rajoutent à ce que nous avons déjà utilisé dans le premier article sont :
- L’électrovalve contrôlée qui génèrera la goutte avec précision (photo ci-contre)
- Une barrière infra-rouge qui détectera le passage de la goutte avant impact dans le récipient
- Le contrôleur qui pilotera à la milliseconde près tous les éléments auxquels il sera connecté: L'appareil photo, l'électrovalve et le(s) flash(s)
- Le tube connecté à la valve qui contiendra la réserve de liquide.
Le Branchement
Avant de se précipiter à prendre les photos, il faut mettre en place et brancher correctement les éléments. Pour cela, il faut avoir en tête la séquence de déclenchement car celle-ci déterminera l’ordre de câblage des appareils. Je vous ai mis ci-dessous un graphique décrivant la séquence de déclenchement par rapport à l’évolution de la goutte. Gardez en mémoire que toute cette séquence dure une seconde ou moins, les réglages des temps de déclenchement seront donc réglés à la milliseconde près et dépendront aussi de la hauteur à la quelle part la goutte.
Quelques explications plus détaillées de la séquence ci-dessus: Dans un environnement peu éclairé on va d'abord déclencher l'appareil photo (Etape 1 ci-dessus). Celui-ci sera réglé pour une ouverture à 1 seconde. Le temps d'ouverture importe peu, car c'est l'éclair du flash qui va saisir et figer la goutte sur la photo.
Entre 250 à 500ms plus tard le StopShot ouvrira l'électrovalve pour faire tomber une goutte (Etape 2) sur la séquence ci-dessus). Le temps d'ouverture de la valve sera d'environ 30ms pour générer une goutte suffisamment grosse (20 à 25ms sont ok aussi). La temporisation de 250ms à 500ms entre l'ouverture de l'appareil et le déclenchement de la valve permet d'éliminer les micro-vibrations de l'appareil liées à son déclenchement et d'éviter ainsi un flou potentiel et non désiré.
Quelques millisecondes plus tard, la goutte passe par la barrière infra-rouge (Etape 3) sur la séquence ci-dessus) qui enverra le signal au StopShot pour déclencher le(s) flash(s). Ceux-ci seront déclenchés environ 200ms plus tard pour permettre à la goutte de toucher la surface du liquide dans le bol, et la remontée de la colonne suite à l'impact (Etape 4) sur la séquence ci-dessus). On essayera de prendre la photo au plus haut de la remontée de la colonne. Ce délai de 200ms entre le passage dans la barrière infra-rouge et le déclenchement des flash dépendront de la hauteur à laquelle se trouve barrière infra-rouge.
Il est à noter que lla temporisation de 200ms du déclenchement des flashs dépend de la hauteur à laquelle part la goutte ET de la hauteur de la barrière infra-rouge.
Dans mon cas, les hauteurs adoptées ont été:
- 45 à 50cm de la surface pour la sortie de l'électrovalve
- 30 à 35cm de la surface pour la barrière infra-rouge.
Le schéma ci-contre vous montre les hauteurs des différents éléments par rapport à la surface du liquide dans le bol. L'ensemble des éléments est posé sur une table.
Notez que la description ici n'est valable que pour le déclenchement d'une seule goutte. Si vous voulez photographier la collision de deux gouttes, les branchements seront les mêmes. Il faudra "juste" jouer avec le déclenchement de l'électrovalve qui ouvrira deux fois de suite.
Comme la durée totale de la séquence ne change pas, le déclenchement des flashs sera à ajuster pour capturer la collision et le beau champignon aquatique généré. J'y reviendrais plus tard.
Mes premiers branchements sur le StopShot ont été faits comme ci-dessous, en n'utilisant qu'une seule électrovalve. J'ai passé énormément de temps avec cette configuration. La grande majorité de mes photos de gouttes visible sur ma galerie ont été réalisées comme ceci.
Le réglage de l'appareil photo.
Avant tout, rappelez-vous les réglages de base décrits dans cet article. Nous allons les faire évoluer légèrement, comme décrit ci-dessous. Le réglage ISO dépendra de la puissance nominale de vos flashs. A vous d’adapter en fonction de vos premières photos.
- ISO 100 - 400
- Ouverture f/11 – f/16
- Temps de pose 1 seconde
- Flash 1/64e de puissance
Open Flash et durée de l'éclair.
Pourquoi le réglage à 1seconde de pose ? Tout simplement parce-que c’est l’éclair du Flash qui va figer le mouvement. C'est une technique de prise de vue appellée "l'open flash". Elle est utilisée pour figer des mouvements à très haute vitesse comme pour la balistique, mais aussi pour des prises de vues plus artistiques cherchant à mettre en évidence le mouvement. Vous trouverez beaucoup de tutoriels à ce sujet en faisant une recherche à propos de "Open Flash" sur internet. Une bonne introduction à l'open flash se trouve aussi ici.
Vous comprenez donc pourquoi le réglage du flash à 1/64 ou 1/128 est importante: Pour figer la goutte en utilisant cette technique, on cherchera à créer un éclair le plus court possible. Pour cela il faut avant tout savoir que la puissance de l’éclair du flash est contrôlée par la durée de celui-ci, et non son intensité lumineuse. Il faut donc utiliser le flash à ses intensités lumineuses les plus faibles car c’est à ces puissances que la durée de l'éclair est la plus courte. La durée de l’éclair varie entre 1/300ème (à 1/1, soit une puissance maximum) et 1/30.000ème de seconde (à 1/256ème soit une puissance maximum divisée par 256). On utilisera donc cette caractéristique pour figer un évènement extrêmement éphémère comme la collision de gouttes d'eau.
La durée du flash et l'ouverture de l'appareil seront donc très importantes. Mais comment va t-on donc gérer l'exposition de la photo?
Exposition de la photo.
Cette exposition va dépendre de trois paramètres importants. 1) le réglage ISO de l'appareil, 2) le réglage du diaphragme et 3) la puissance du flash sachant que nous sommes limités à n'utiliser que 1/64e ou 1/128e de sa puissance. Une astuce pour obtenir plus de luminosité consistera à utiliser deux flash côte à côte réglés à la même intensité. Vous aurez deux fois plus de lumière et pourrez donc rester à des réglages ISO bas et de diaphragme aux alentours de f/11 ou f/16. Mes plus belles photos ont été réalisées avec 4 ou 5 flashs à des positions différentes, avec chacun un gel de couleur différent. J'en parlerais dans un prochain article.
A ce sujet, je vous conseille d'investir dans un radio contrôleur de flashs qui pilotera chaque flash d'une manière indépendante. Il en existe de très bons et pas chers sur le marché. Cela vous évitera un imbroglio de cables et beaucoup de noeuds... J'ai commencé avec les cactus radio controllers que vous pourrez trouver ici. Il en existe cependant beaucoup d'autres. Je suis passé récemment à des contrôleurs Godox un peu plus chers, mais très bons et compatibles avec mes nouveaux flashs Godox V1 avec récepteur radio intégré
Conclusion
La photo de gouttes avancée nécessite un investissement en temps et en matériel non négligeable. C'est un exercice difficile mais passionnant et qui donne des résultats toujours surprenants. Malgré le matériel électronique nous donnant encore plus de contrôle sur les gouttes, cela reste un art aléatoire. Je vous ai mis ci-dessous quelques photos de mes meilleurs résultats.
J'espère que vous avez aimé cet article. N'hésitez pas à me laisser vos commentaires et suggestions. Dans un prochain article je parlerais de la lumière et surtout des mixtures de liquide à utiliser...
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